
Le S-mètre est un peu comme un vieux copain qui prétend connaître votre poids “à l’œil” : il donne une idée générale, mais faut pas espérer la précision d’un labo.
Techniquement, voici pourquoi :
- Pas de normalisation absolue
En théorie, la définition officielle dit qu’un S9 correspond à une tension de 50 µV sur l’entrée antenne, dans une impédance de 50 Ω. Chaque S de moins, c’est 6 dB de moins.
En pratique ? Chaque constructeur règle ça à sa sauce. Un S9 sur un poste peut correspondre à S7 sur un autre… un peu comme les tailles de chaussures selon les marques. - Non-linéarité assumée
L’aiguille ne monte pas toujours d’un S exact pour chaque 6 dB. Parfois elle saute deux S d’un coup, parfois elle roupille au milieu. Bref, la graduation est plus poétique que scientifique. - Influence du circuit interne
Le S-mètre mesure en général la tension du circuit AGC (Automatic Gain Control) du récepteur. Donc il réagit aussi à votre réglage de gain, au bruit de fond, et même à l’humeur des composants (ou à la météo, si vous êtes superstitieux). - La guerre des “S9+”
Dès qu’on dépasse S9, l’échelle se transforme en terrain de compétition (“Moi j’ai eu S9+40 dB hier !”). Mais au-dessus de S9, il n’y a plus de standard : c’est juste un compteur de vanité radio.
Conclusion :
Le S-mètre, c’est parfait pour dire “tu passes fort” ou “t’es faible dans le poste”, mais pas pour faire de la métrologie sérieuse. C’est un indicateur d’ambiance, pas un instrument de laboratoire.
Voici un tableau S-mètre ↔ dBm ↔ puissance (W) selon la convention ITU (S9 = –73 dBm, 6 dB/point, 50 Ω) :
S-mètre | dBm | Puissance (W) | Puissance (nW) |
---|---|---|---|
S9 | –73 dBm | 5.01 × 10⁻¹¹ W | 50.1 |
S8 | –79 dBm | 1.26 × 10⁻¹¹ W | 12.6 |
S7 | –85 dBm | 3.16 × 10⁻¹² W | 3.16 |
S6 | –91 dBm | 7.94 × 10⁻¹³ W | 0.794 |
S5 | –97 dBm | 1.99 × 10⁻¹³ W | 0.199 |
S4 | –103 dBm | 5.01 × 10⁻¹⁴ W | 0.0501 |
S3 | –109 dBm | 1.26 × 10⁻¹⁴ W | 0.0126 |
S2 | –115 dBm | 3.16 × 10⁻¹⁵ W | 0.00316 |
S1 | –121 dBm | 7.94 × 10⁻¹⁶ W | 0.000794 |